Club Italie-France: Intervista Pierre Cardin - 2020

Pierre Cardin

Club Italie-France : Vous êtes né Pietro Costante Cardin à Sant’Andrea di Barbarana, en Italie. Quel rôle ont eu vos origines italiennes dans votre vie ?

Pierre Cardin : Je suis né en Italie en 1922 et j’ai quitté mon pays natal à l’âge de 2 ans avec mes parents, propriétaires fonciers et agriculteurs. Ils avaient tout perdu et ont préféré quitter leur pays avec leurs dommages de guerre pour un meilleur avenir. Mes origines ont été importées avec moi-même. Si je n’ai pas entendu parler italien dans ma famille en France, je n’ai jamais oublié mon passé et l’histoire de ma famille.Je n’ai jamais pu effacer de ma mémoire mon identité italienne.

“Moi, j’ai toujours aimé inventer, créer, imaginer mes créations qui témoignent d’un appétit féroce pour l’expérimentation.”

Club Italie-France : La créativité est peut-être liée aux endroits qu’on a fréquenté. Paris et l’Italie ont influencé votre créativité ? Si oui, comment ?

Pierre Cardin : Je pense que la créativité est en nous. Moi, j’ai toujours aimé inventer, créer, imaginer mes créations qui témoignent d’un appétit féroce pour l’expérimentation. Elles auraient été les mêmes si j’avais grandi en Chine ou en Amérique. Ce besoin de m’exprimer me poursuit depuis toujours et partout.

Club Italie-France : Le Maxim’s à Paris est sans doute témoin de l’art de vivre à la Belle Époque. Pourquoi avez-vous décidé à l’époque d’acheter cette institution de la rue Royale ? ça a représente quoi pour vous ? En quelque mot, qu’est-ce que c’était la belle époque ?

Pierre Cardin : Maxim’s reste pour moi le symbole d’un certain art de vivre à la française. Je suis le plus vieux client du restaurant. Quand les Vaudable, les anciens propriétaires, m’ont dit que le restaurant allait être vendu à un Emir du Moyen-Orient, je leur ai proposé tout de suite de leur acheter le bail commercial et je me suis porté plus tard acquéreur des murs. Pour moi, ce nom prestigieux devait rester français. Très vite, j’ai voulu faire de Maxim’s une marque, une griffe que j’ai exportée dans le monde entier.

“Aujourd’hui, la bureaucratie freine la croissance économique et les investissements. Par moment, j’ai l’impression que notre monde régresse.” 

Club Italie-France : Le monde d’aujourd’hui est peut-être bien différent du monde que vous avez connu par le passé. Qu’est-ce que a changé en mieux ou en pire à votre avis ? Comment le monde de la mode a réagi à ce changement ?

Pierre Cardin : En tant que doyen des couturiers, je peux vous dire que j’ai vu le monde évoluer dès la fin de la guerre. J’ai pressenti que le monde allait changer et j’ai voulu aussi faire descendre la mode dans la rue, rendre accessible au plus grand nombre mes créations. je souhaitais m’étendre sur le monde entier et cela me paraissait plus facile qu’aujourd’hui. Nous étions moins nombreux et animés d’une soif de réussite. Je me sentais plus libre. Aujourd’hui, la bureaucratie freine la croissance économique et les investissements. Par moment, j’ai l’impression que notre monde régresse. On pouvait espérer le meilleur avec nos avancées techniques et scientifiques pourtant j’ai la nette impression qu’on se prépare davantage au pire.

“Mon souvenir le plus marquant c’est de m’être rendu acquéreur du Palais de Casanova à Venise.”

Club Italie-France : Vous êtes français, mais plusieurs fois vous avez souligné vous sentir plus italien que français. Pourquoi ? Quel est votre souvenir le plus marquant de l’Italie ?

Pierre Cardin : Je suis français et je serai toujours reconnaissant à la France de m’avoir accueilli mais j’ai voulu récupérer ma nationalité italienne pour me souvenir que mes origines sont là-bas. Mes plus beaux souvenirs de vacances sont ceux que j’ai passé en Italie. Mon souvenir le plus marquant c’est de m’être rendu acquéreur du Palais de Casanova à Venise.

REPRODUCTION RÉSERVÉE ©

Interviews du

15 Avril

Informations

Couturier et homme d'affaires
l’un des derniers témoins des grandes années de la haute couture amorcées au lendemain de la Deuxième guerre mondiale par la révolution “New look” de Christian Dior, dont il fut l’employé, avant l’arrivée d’un autre assistant nommé Yves Saint Laurent.
Club Italie-France: Chloé Payer - Team
Interview réalisée par
Daisy Boscolo Marchi