
Myriam Massiani
Club Italie-France : Pouvez-vous présenter votre parcours et votre activité?
Myriam Massiani : Il y a différentes phases dans mon activité et je vais vous répondre. il y a un avant, pendant, et après COVID, une crise qui devrait être déterminante pour beaucoup comme pour moi, si les sommets COP et les rapports du GIE n’ont pas été suffisants à nous en convaincre, nous entrons vraisemblablement dans la décennie 2022-2032 la plus cruciale pour le futur de l’humanité. Je me définirai aujourd’hui comme une Senior Business Consultante et Influenceuse environnementale. Je partage des informations de bonnes pratiques, entre autres avec des décideurs dans mon domaine et des domaines connexes majeurs que vous pourrez suivre sur mon profil Linkedin sous Myriam Massiani, où vous trouverez de nombreux posts chiffrés.
Dès mon diplôme d’ingénieur spécialité chimie organique à l’« Institut de Pétroléochimie et Synthèse Organique Industrielle », intégré maintenant dans l’Ecole Centrale Marseille, et après une thèse en photochimie, l’utilisation des carburants fossiles pour l’énergie était une hérésie. Sur les bases de ma formation technique j’ai progressivement évolué vers les postes de Chef de produits, Marketing Manager et Business Manager de différentes lignes de produits et marchés B2B chez Goodyear Chemicals. Un travail d’équipe, la définition et la mise en œuvre de Strategic Business Plans ont contribués, avec la qualité et compétitivité des produits, au développement d’un chiffre d’affaire de 58 Millions d’euros sur les lignes dont mon équipe et moi, étions responsables. Cette expérience, notre groupe de conseil Free Lance Conseil Consulting Group incluant une société d’intelligence artificielle nous la mettons depuis le début de l’année au service de la lutte contre le réchauffement climatique:une goutte d’eau.
J’interviens également dans le cadre des activités de Robert Eller Associates. Je suis spécialisée en chimie et produits plastiques durables pour des marchés aussi variés que l’automobile ( ie pour l’allégement de la carrosserie afin de diminuer leur consommation) les emballages techniques et leur utilisation de produits recyclés. Progressivement les missions techniques marketing et commerciales pour les entreprises qui proposent des solutions positives pour l’environnement ont pris la place, jusqu’aux études réalisées pendant le COVID par ma structure avec le support d’élèves ingénieurs Centraliens de Marseille sur les effets dévastateurs de la pollution et de la chaleur, sur l’économie circulaire créatrice d’emploi et réutilisation de nos déchets mais aussi ressources. Actuellement je suis en phase de recherche pour la commercialisation d’équipements innovants pour la désalinisation de l’eau de mer. Il y a 25 ans je vous aurais déjà dit que l’on devait changer de paradigme, le pétrole nous devions le garder pour la pétrochimie, résorber le trou dans la couche d’ozone au plus vite, les pluies acides dévastaient déjà les forêts limitrophes France Allemagne… l’Europe est maintenant une des régions les plus touchées par le réchauffement climatique.
Club Italie-France : Quel est aujourd’hui l’enjeu principal de l’économie l’Energie?
Myriam Massiani : Les Economies d’Energie englobent deux problèmes cruciaux, les émissions par l’utilisation des carburants fossiles des gaz à effet de serre plus connus sous CO2 et la maitrise Européenne des approvisionnements, des coûts et de l’inflation…Elles touchent les entreprises, les consommateurs et les gouvernements de plein fouet. La sécheresse que nous connaissons, si elle devait s’installer rendrait la problématique encore plus complexe avec l’équilibre sécurité alimentaire vs énergie. Des centrales nucléaires de dernière génération entrent progressivement dans la classification des énergies renouvelables mais posent la question de l’élimination des déchets nucléaires de hautes concentrations radioactives. De nouvelles centrales entreront en activité à l’horizon 2040 et n’auront donc un effet qu’en 2eme moitié de siècle ce qui ne permettra pas d’apporter une solution rapide aux défis du réchauffement climatique. Les économies d’énergies sont donc incontournables et il y a différents leviers possibles à activer.
Club Italie-France : Est-il possible de concilier croissance et transition énergétique?
Myriam Massiani : A mon tour je voudrais poser quelques questions avant de répondre aux vôtres. De quelle croissance parlons-nous ? Le terme croissance devrait être précisé, la croissance démographique est là dans le monde. La croissance de la consommation pratiquée aujourd’hui perdure avec de nombreux produits de basse qualité qui après une satisfaction momentanée laisse une frustration, ce type de croissance là génère déchets, et la cohorte des obsolescences programmée et leurs frustrations….Mais une croissance durable avec des marges soutenables est possible.
La consommation énergétique, qui continue à croître sur des ressources fossiles, pour des raisons environnementales et de disponibilité, doit baisser. Pour cela nous avons de nombreux leviers à actionner: le choix et subventions des filières énergétiques où les gouvernements les investisseurs, les fournisseurs d’énergie sont moteurs, l’optimisation de l’efficacité énergétique et de la supplychain où les entreprises ont un rôle majeur à jouer. Les commerçants et consommateurs doivent eux aussi traquer toutes les déperditions énergétiques. Nos modes de vies évoluent, les standards de bien-être doivent changer le chauffage et la climatisation (i.e 17 degrés en hiver et 26 degrés en été). Le télétravail doit être généralisé tout en récupérant l’énergie émise par les data center. Lses émissions de gaz liées à l’élevage peuvent être captées et valorisées, Le retour sur le marché de produits lowtech et véhicules moins énergivores développés et déployés.
Mais la transition énergétique demande des quantités croissantes de matières premières i.e. les métaux rares. Sans maitriser l’Economie Circulaire à grande échelle il sera impossible de mettre en place des solutions pérennes dans les temps impartis maintenant très courts Les états sont confrontés à des problèmes de dettes creusées par la crise COVID. le financement des énergies renouvelables doit être une priorité. Si on devient sérieux sur tous ces points je pense qu’une croissance profitable est compatible avec le développement des énergies renouvelables auxquelles l’Hydrogène les EPR viennent se rajouter et revenir au «Think global be Local »
Club Italie-France : Dans le monde de l’entreprenariat, malgré les annonces, il y a une certaine méfiance envers la transition et les économies d’énergie selon vous pour quelles raisons ?
Myriam Massiani : Je pense qu’on attend beaucoup, parfois trop des entreprises, mais par ailleurs un sursaut humaniste est nécessaire de la part des actionnaires et des dirigeants de certaines entreprises. La transition implique la mise en place d’un nouvel équilibre d’où peut-être cette méfiance au changement. L’optimisation des processus de la supply chain sont parmi les premières sources d’économies d’énergies et d’émission de gaz à effet de serre. L’accent doit se porter sur le changement des incongruités des systèmes, quand de nombreuses pratiques au sein de l’entreprise doivent être réévaluées. Les Strategic Sustainable Business Plans sont des outils puissants pour conduire et équilibrer un bilan profitable. Avec le changement climatique la gestion des risques s’ajoutent aux contraintes de production de transport de stockage, les entreprises comme les citoyens vont y être confrontés de plus en plus fréquemment. L’accent doit se porter sur la réutilisation et la valorisation, ce qui nous conduit à parler l’économie circulaire n’est ce pas…
Club Italie-France : quel rôle peut jouer l’économie circulaire dans l’économie d’une nation ?
Myriam Massiani : Pour rappel ce que l’on englobe sous le terme Economie Circulaire commence par la lettre R pour Récupération différenciée, R pour Réutilisation du produit sans transformation (ie les textiles ou autres objets de seconde main téléphonie), R avec Réparation & Reconditionnement (ie électroménager, véhicules), R pour recyclage ie des fibres textiles, R revalorisation … Jusqu’à une phase ultime de R Retour aux molécules initiales ( i.e. des plastiques les fibres textiles) R pour Resynthétiser (i.e. des carburants ,des fibres. Actuellement on a pris l’habitude pour la majorité des produits ie bouteilles plastiques, pièces issues de l’automobile et de l’électronique d’envoyer ces résidus de fin de vie en Afrique ou en Asie où les filières professionnelles de démantèlement sont insuffisamment professionnalisées. Seule une partie mineure reste en Europe où les filières de récupérations en développement ne sont pas encore assez déployées pour les traiter.
Imaginez les possibilités offertes aux entrepreneurs en termes de disponibilités de matières premières, de créations d’emplois, de développement et d’image. L’économie circulaire nous accorde du temps pour la mise en place de produits et d’énergies alternatives renouvelables ce qui contribue à combler un manque de matières premières nécessaires à la croissance et à la souveraineté vis-à-vis de fournisseurs externes. En résumé L’économie circulaire joue et continuera à jouer un rôle majeur dans nos économies.
Club Italie-France : Voyez-vous des problèmes structurels majeurs dans la conduite de la transition?
Myriam Massiani : La transition environnementale et énergétique demande gouvernance et transparence. Les produits dont des phases de production, d’assemblage de stockage et vente au client final sont effectuées dans des lieux éloignés les uns des autres où ils transitent par toutes les routes aériennes, terrestres, maritimes participent au PIB dont le calcul comporte les transports. Je pense que les transports ne devraient pas être un composant du calcul. Ces processus sont émetteurs de CO2. Leur coût environnemental n’est pas comptabilisé car il n’y a encore aucune obligation d’une comptabilité verte recommandée par la RSE Responsabilité sociale et Ecologique des entreprises et organisations. Les gaz à effet de serre et leurs risques associés ont un déjà un coût croissant pour les humains les bâtiments la nature les investissements…Ces coûts doivent être provisionnés et récupérés par une gestion responsable de la supply chain et autre gestion des émissions de GES.
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Business Manager. Manager de la structure Free Lance Conseil. Docteur Ingéneur Centrale Marseille spécialiste en opération en stratégie de développement chimie et environnement et Senior Associated Consultant chez Robert Eller Associates.
