
Fanny Ardant
Club Italie-France : En plus de quarante ans de carrière, vous avez toujours réussi à nous surprendre. Vous avez été interviewée des centaines de fois, je vous parle de chose qu’on vous a déjà trop répété, comment ne pas vous ennuyer Fanny Ardant ?
Fanny Ardant : Je m’ennuie rarement dans la conversation. Parce que souvent je mens, souvent j’aime la provocation, souvent je vois que les interviews sont des pièges, souvent je vois les choses sous un jour différent parce que le vent a tourné et moi aussi, souvent j’aime une question posée de façon poétique et généreuse.
Club Italie-France : Au théâtre, vous incarnez des personnages forts tels que Maria Callas (Master Class en 1997), Sarah Bernhardt (Sarah en 2002), Jeanne d’Arc (Jeanne d’Arc au bûcher en 2010), ou encore Joan Didion dans L’année de la Pensée magique (2011). Qu’est-ce qui vous inspire / ce que vous aimez chez ces femmes?
Fanny Ardant : Leur liberté, leur générosité, leur douleur, leur audace, leur indépendance d’esprit, leur solitude, la façon dont elles ont traversé la vie sans limite à leurs risques et périls.
Club Italie-France : Dans le film Five (2016), vous fumez des pétards, vous achetez de l’herbe à Pierre Niney. Vous avez fait des choix de carrière très rock’n roll. Vous êtes toujours là où on vous attend le moins. Vous êtes une des actrices les plus rock’n roll du cinéma français. Qu’est-ce que vous aimeriez faire ou refaire de rock ?
Fanny Ardant : AAAAh j’ai adoré le rock’n roll, le danser, l’écouter. J’ai aimé les groupes rock des plus durs aux plus séduisants, leurs rythmes, leurs paroles étaient une vision sauvage de la vie, une envie de ne rien économiser, une intuition que la vie est courte et qu’il est dommage de rentrer intact dans son tombeau. J’ai aimé leur insolence, J’ai toujours préfère les “Rolling stones” aux “Beatles”.
Club Italie-France : Vous avez toujours été une femme libre au risque de choquer. Vous aimez provoquer. Vous dîtes “Si tout le monde est d’accord, ça ne m’intéresse pas.” Avec qui aimeriez-vous échanger autour d’un café sur vos idées contraires ?
Fanny Ardant : Tous ceux qui condamnent sans tolérance, tous les extrémistes, tous ceux qui suivent la pensée unique, tous ceux qui obéissent trop vite.
Club Italie-France : Vous allez jouer dans le prochain film de Maïwenn ADN (2020). Comment se passe les tournages post-covid ? L’ambiance a-t-elle changé sur les plateaux ?
Fanny Ardant : ADN a été tourné en aout 2019. Je vais tourner le 9 septembre un film “Les jeunes amants” de Carine Tardieu. Je ne crois pas à une ambiance généralisée, il y a toujours ceux qui ont peur de tout et ceux qui n’ont peur de rien, il y a les intelligents qui comprennent et ceux qui ne comprennent pas. Il faut s’adapter sans être dupe. Et curieusement comme une métaphore, les acteurs sont les seuls qui ne portent plus de masque quand ils jouent.
Club Italie-France : Vous êtes l’héroïne du réalisateur italien Vincenzo Marra, L´ora di punta ( “l’heure de pointe” en français ), dont le tournage s’est déroulé à Rome. Vous avez aimé la capitale ? Que préférez-vous faire en Italie ?
Fanny Ardant : Quand j’arrive à Rome c’est comme si je me sentais “a casa”. J’aime les romains, leurs façons d’être et de vivre. Je suis toujours venue à Rome pour travailler. Et travailler dans une ville fait de vous un citoyen et non plus un touriste. Je retourne toujours dans les mêmes quartiers, les mêmes églises, les mêmes cafés, les mêmes magasins. En italie j’aime parler et rire et pleurer et attendre quelque chose qui n’arrive jamais….
Club Italie-France : Vous avez trouvé l’amour au bras de l’acteur italien Fabio Conversi et donne naissance à votre troisième fille, Baladine en avril 1989. Comment vous étiez-vous rencontrez ?
Fanny Ardant : “Cher inconnu, je parlerais seulement en présence de mon avocat !!!!”
Club Italie-France : En 2015, vous êtes la marraine du festival italien “Rendez-vous avec le nouveau Cinéma français à Rome”. Ce festival est à l’initiative de l’Ambassade de France en Italie, en collaboration avec l’Institut Français d’Italie mais aussi UniFrance films et l’Académie française. Êtes-vous séduite par un réalisateur ou acteur italien en particulier ?
Fanny Ardant : Ce qu’il y a de bien dans le cinéma c’est que l’on ne sait jamais avant de tourner ceux qui vont vous séduire. Et il y a tous ceux avec qui j’ai tourné et que je n’oublierai jamais : Scola, Antonioni, Zeffirelli, Martone, Sorrentino, Marra, etc…
Club Italie-France : Vous êtes une actrice à part, libre, bourgeoise, mystérieuse, incandescente, amoureuse… Avec un amour immodéré des livres. Quels sont vos écrivains préférés ?
Fanny Ardant : J’aime beaucoup les écrivains russes et français du XIX siècle : dostoievski, tolstoi, tchekov, balzac, stendhal, ils ont été mes premiers livres et je les ai tous relus plus tard et tout était resté intact et fort. Du XXème siècle, j’aime les poètes russes dissidents, Proust, Duras, Ungaretti, Moravia, tous les écrivains anglo-saxons : Breat Eston Ellis, Donna Tart, Ian Mac inerney, Raymond Carver, James Ellroy. Je lis aussi des auteurs inconnus. Il y a ceux qui écrivent des livres et ceux qui font la litterature.
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Interviews du
27 Août
Informations
actrice
fille d’un colonel précepteur du Prince Rainier de Monaco, est l'un des symboles incontournables de la Nouvelle Vague, l'Ambassadrice du style à la française.
