
Christophe di Pompeo
Club Italie-France : « Ma semaine en images » est un rendez-vous hebdomadaire sur votre profil Facebook. On vous y voit en réunion de nombreuses commissions, avec Justin Trudeau, avec des élèves, à un vernissage, à la télévision, en visite d’entreprises. Un modèle efficace de communication auprès de vos électeurs ?
Christophe di Pompeo : Je suis le premier agréablement surpris de l’impact de ce type de média pour lequel j’ai sincèrement énormément de retours positifs. Le travail quotidien d’un parlementaire est encore assez méconnu du grand public et cette semaine en images contribue à chasser beaucoup de préjugés sur notre engagement. Elle permet un éclairage différent sur les coulisses de notre travail car l’essentiel se passe évidemment autour des commissions, des groupes d’études, des groupes géographiques, des rapports et des amendements. Nous recevons également énormément de monde à l’Assemblée, cela est une façon également de les mettre en valeur.
Club Italie-France : Vos actions portent sur de nombreux sujets : science et recherche, développement durable, changement climatique, cohésion sociale, immigration, éducation, emploi, drogue, égalité entre les sexes, éducation, sécurité. Comment comptez-vous mettre en œuvre vos nombreux projets ? Quelles sont les opportunités et les barrières que vous rencontrez ?
Christophe di Pompeo : Par nature, le député est le représentant de la Nation et doit donc être vigilant sur la loi qui doit concerner l’ensemble de nos concitoyens. Pour ma part, j’ai souhaité prendre des responsabilités fortes au sein de l’Assemblée : président du groupe d’amitié, des groupes géographiques USA Canada et j’anime également le groupe d’étude sur les métiers de la sécurité à la demande du ministre de l’intérieur, sujet qui me tient particulièrement à cœur car ce sont des problématiques qui touchent sensiblement ma circonscription et que je connais particulièrement. Ensuite, par mon profil de chercheur universitaire en santé publique, il est vrai que je suis sollicité pour des problématiques touchant au problème numéro un des français : la santé. Vous le voyez, un député, qui plus est aujourd’hui en mode mandat unique, ne s’ennuie jamais !
“La question des droits fondamentaux est LA question fondamentale pour l’entente entre les peuples.”
Club Italie-France : Vous êtes Rapporteur du projet de loi pour la création d’une Fondation de Droit International entre l’Union Européenne, l’Amérique Latine et les Caraïbes. Cette Fondation a pour objectif de rapprocher les peuples, tant sur le plan humain que sur le plan économique. Nous sommes bien loin de toutes ces mouvances protectionnistes et populistes qui influencent la politique de nombreux États, comme les États-Unis et l’Italie. Comment peut-on rapprocher les populations et partager un projet de croissance commun ?
Christophe di Pompeo : La question des droits fondamentaux est LA question fondamentale pour l’entente entre les peuples. La France a été, est et doit rester à la pointe de ce sujet. Au sein de la commission des affaires étrangères où je siège, nous sommes particulièrement attentifs à la diffusion et surtout la propagation des droits fondamentaux. La France a été un bon laboratoire pour la mise en œuvre de ces droits même si beaucoup reste à faire. Aujourd’hui, j’observe une tendance régressive inquiétante sur ces questions dans de grands Etats démocratiques que vous citez et également une appétence accrue chez d’autres, moins coutumiers de droits essentiels. Ce projet est donc très important pour accentuer le second mouvement et faire reculer le premier par la force de l’exemple. C’est en multipliant ce type d’initiatives que nous ferons progresser le rapprochement entre peuples et la démocratie.
L’Italie : « j’aime la culture de ce pays, son patrimoine exceptionnel et la passion chez ses habitants »
Club Italie-France : Christophe di Pompeo, votre nom de famille est originaire de Naples ? Quelle relation avez-vous avec l’Italie ? Qu’aimez-vous de l’Italie ?
Christophe di Pompeo : J’aurai tendance à vous répondre tout ! Ce sont mes origines certes mais aujourd’hui, cela fait partie intégrante de mon mandat de député puisque j’ai en charge la présidence du groupe d’amitié France Italie. J’y retourne le plus souvent possible car j’aime la culture de ce pays, son patrimoine exceptionnel et la passion chez ses habitants. Sinon je ne pense pas que mon nom soit d’origine napolitaine, je pense qu’il est d’origine romaine…
“Le partenariat entre la France et l’Italie est fondamental pour l’avenir de l’idée européenne”
Club Italie-France : Député LRem du Nord, Membre de la commission des affaires étrangères, vous êtes aussi Président du groupe d’amitié France-Italie. Quelles sont les priorités de l’axe Franco-Italien ?
Christophe di Pompeo : A ce titre, nous avons ouvert plusieurs grands chantiers dont le suivi du traité du Quirinal qui me tient personnellement très à cœur. Nous allons accentuer par ailleurs les échanges universitaires, culturels et évidemment économiques avec un de nos principaux partenaires au monde. Le partenariat entre notre pays et l’Italie est fondamental pour l’avenir de l’idée européenne et surtout pour rendre la construction européenne plus humaine et moins financière et technocratique comme elle a trop tendance à l’être aujourd’hui. C’est un des enjeux les plus importants aujourd’hui à mes yeux en Europe.
Club Italie-France : Comment peut-on renforcer la collaboration de l’Italie et de la France pour être plus fort ensemble ?
Christophe di Pompeo : Nous allons mettre en place le second traité bilatéral en Europe entre la France et l’Italie. Ce n’est pas anodin car aujourd’hui il n’en existe qu’un : celui entre la France et l’Allemagne. C’est donc un palier important qui sera franchi dans l’intensité de nos relations, une sorte de « pacs » entre Etat qui nous engage pour l’avenir. Cela permettra de densifier nos échanges, de mieux nous connaitre de manière positive et de plancher à deux sur des sujets importants comme la construction européenne, le rapprochement des peuples, l’immigration, le développement économique, universitaire et culturel. Par ailleurs, nous avons rencontré cet été le Président de l’Assemblée Italienne, Roberto Fico, qui souhaite un vrai partenariat entre nos assemblées, partenariat qui devrait s’écrire dans une convention entre nos deux assemblées. Enfin, je suis persuadé que des associations comme la vôtre sont indispensables au développement des liens entre les deux pays.
France-Italie : « notre collaboration est prioritaire »
Club Italie-France : Nous avons assisté à une crise systémique italienne, un refus du pouvoir en place et des vieux partis et une crise de confiance du système européen plus financier qu’attentif à l’humain. Le nouveau gouvernement M5S / Ligue Nord, ayant tous deux des bases électorales très divergentes donc difficilement gouvernable, est euroscepticisme. Quelles sont vos prévisions ? Peut-on avoir l’ambition d’une Europe unie, d’une Europe des peuples, et non seulement d’une Europe financière ?
Christophe di Pompeo : Soyons sincères : ce qui s’est passé en Italie ne facilite pas effectivement tout le travail nécessaire que je viens de vous évoquer. Mais je vois cela de façon positive : en permettant une intensité inédite dans nos rapports, en faisant mieux connaissance avec nos pratiques de part et d’autre des Alpes, nous montrons aux italiens et aux dirigeants que nous plaçons aujourd’hui notre collaboration comme prioritaire. Nous affichons concrètement l’Italie comme partenaire privilégié de la France et de l’avenir de la construction européenne. L’euroscepticisme n’est pas une spécialité italienne. Beaucoup de Français le sont également, l’Europe technocratique qui impose des critères financiers aux pays mais qui refuse de s’occuper des migrants pose problème. La crise systémique italienne pose question, et le traité du Quirinal doit être un moyen de répondre à cette question. Entre latins, l’Italie et la France doivent être les moteurs d’une Europe moins technocratique et plus proche de la réalité de nos concitoyens.
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